2024
“Yeyasso: la coopérative ivoirienne où tous les espoirs sont permis”
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Read articleLa guerre en Somalie a coûté la vie à son père et à sa sœur. Et pourtant, Ilwad Elman a trouvé la force, avec sa mère, de développer avec Elman Peace une organisation qui agit en faveur de la paix en Somalie et au-delà. “Nous continuons pour leur rendre hommage. Nous mettre au service des autres nous aide à guérir.” Les efforts d’Elman Peace ont été couronnés par le KBF Prix Afrique.
La guerre civile qui a fait rage en Somalie au cours des dernières décennies a contraint Elman Peace à évoluer en permanence. Mais sa mission est restée inchangée : œuvrer pour la paix dans un pays déchiré par les conflits. Elman Peace est conscient que des changements en profondeur sont indispensables, bien après l’arrêt des hostilités.
“La paix signifie tellement plus que l’absence de guerre”, dit Ilwad Elman, qui co-dirige l’ONG avec sa mère, Fartuun Adan, directrice générale. “Il y a tellement d’éléments qui créent un environnement favorable à la paix, tant pour les personnes que pour la société.”
Leur approche holistique, centrée sur les communautés – incluant l’éducation, la formation, le soutien psychosocial, l’empowerment, la collaboration et le suivi – leur a valu de nombreux éloges. Elles peuvent désormais ajouter à ce palmarès le KBF Prix Afrique, qui constitue une reconnaissance des efforts fructueux d’Elman Peace pour son combat en faveur de la justice sociale et des droits humains en promouvant la paix, en cultivant le leadership et en donnant des moyens d’action aux personnes en marge de la société, en particulier les jeunes et les femmes.
La famille qui a fondé Elman Peace n’a pas été épargnée par la guerre et la violence qui ont frappé le peuple somalien. Enfant, Ilwad a fui la guerre civile avec sa mère et ses deux sœurs pour se réfugier à l’étranger. Son père, Elman Ali Ahmed, est resté au pays pour mener son projet Drop the Gun, Pick up the Pen et sortir des jeunes des griffes de chefs de guerre rivaux qui voulaient les enrôler comme soldats. Il a été assassiné en 1996 – sa campagne dérangeait trop de monde.
Dix ans plus tard, son épouse est revenue de son exil au Canada pour poursuivre l’œuvre de son mari. En 2010, à l’âge de 20 ans, Ilwad a également ressenti l’appel de l’organisation et est retournée en Somalie. Ses sœurs ont suivi son exemple. En 2019, la violence a de nouveau ébranlé la famille : Almaas, la fille aînée, a été abattue dans l’enceinte de l’aéroport de Mogadiscio, la capitale somalienne.
Trente ans plus tard, l’héritage d’Elman Ali Ahmed est toujours vivant. Le programme Drop the Gun est toujours en cours et a permis à des milliers de jeunes de réintégrer leurs communautés. Cette année, en hommage à Almaas, une école portant son nom a été créée afin d’offrir une formation au leadership de quatre ans à 200 jeunes filles issues de familles défavorisées.
“Nous avons attiré l’attention du monde entier sur l’ampleur des souffrances en Somalie”, dit Ilwad Elman. “Mais il ne suffit pas de constater. Nous devons aussi réagir.” Et comment ! L’organisation a développé un éventail de projets qui défendent les droits humains et offrent des opportunités à des Somaliens oubliés, en premier lieu les femmes et les jeunes, afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la construction de l’avenir de leur pays.
Avec Sister Somalia, par exemple, Elman Peace a fondé le premier centre de crise du pays – aujourd’hui, c’est tout un réseau – destiné aux victimes de violences sexuelles. Equal Voices outille des femmes et des jeunes leaders afin de les aider à contribuer de manière significative aux processus politiques. Elman Peace noue également des alliances, partage des informations et des bonnes pratiques, et mène campagne aux niveaux national, africain et mondial afin de susciter le changement.
Ilwad Elman peut tout aussi bien être active sur le terrain, plongée dans les activités des Centres Elman Peace – en plus du siège principal à Mogadiscio, il y a huit centres régionaux – que sur la route, pour s’adresser à des communautés locales impliquées dans l’initiative Peace by Africa, ou dans des forums internationaux comme ceux de l’ONU, pour s’adresser à des dirigeants mondiaux.
Elman Peace a étendu ce travail de plaidoyer au thème du changement climatique, qui exacerbe énormément l’insécurité en Somalie. Les chocs climatiques et les sécheresses récurrentes provoquent une extrême vulnérabilité, exploité par des groupes armés pour attirer de nouvelles recrues. “Nous sommes en première ligne du choc entre le climat et la sécurité. Les problèmes environnementaux alimentent les conflits. Lorsque des êtres humains n’ont plus les moyens de se prendre en charge et perdent leur dignité, ils sont capables de tout pour survivre. Les organisations terroristes se nourrissent de cela.”
L’enthousiasme d’Ilwad Elman pour l’action environnementale va de pair avec sa passion pour la promotion du bien-être personnel. Elle utilise pour cela des méthodes pionnières peu connues en Somalie. “Nous remarquons que des programmes tels qu’Ocean Therapy sont aussi bénéfiques pour notre personnel”, dit-elle. Les militants locaux pour les droits humains peuvent souffrir de traumatismes secondaires du fait de leur action et, comme tous les Somaliens, ils peuvent également être victimes de violence. “Mais en Somalie, parler à un professionnel – un inconnu – de choses que vous avez vécues est une approche très ‘étrangère’. Cela peut être considéré comme une faiblesse, voire un manque de reconnaissance, puisque vous avez eu de la chance, vous avez survécu.”
Elman Peace veut à présent utiliser une partie du soutien du Prix pour développer des services pour les travailleurs de première ligne. “Chaque année, nous perdons des personnes qui font un travail considérable dans ce domaine, parce qu’elles ne tiennent plus le coup. Les militants de la paix doivent être les piliers d’une communauté, mais nous devons également faire face à notre part de traumatismes, d’épreuves et de pertes. Et contrairement à la plupart des collaborateurs d’ONG internationales, nous n’avons pas de répit”, dit Ilwad Elman.
Elle aussi a envisagé de quitter la Somalie après l’assassinat de sa sœur : “C’est la première fois que j’ai senti que je perdais mes illusions” dit-elle. Mais elle est revenue, plus décidée que jamais. “Il n’y a pas plan B. Comment pouvons-nous justifier toutes ces pertes, sinon ? Nous devons continuer pour leur rendre hommage. Mettre notre vie au service des autres nous aide à guérir.”
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