ADISCO, Burundi
KBF PRIX AFRIQUE 2014/2015

ADISCO a reçu le KBF Prix Afrique pour son action qui stimule l’esprit d’entreprise, la création de coopératives et de mutuelles de santé, fédérées au niveau national, afin de renforcer l’autonomie financière des‎ individus et de changer durablement les conditions du vivre ensemble de la population burundaise.

Fondée en 2006 par des cadres burundais de le diaspora, l’association ADISCO (Appui au Développement intégral et à la Solidarité sur les Collines) mobilise les ressources des paysans burundais pour accroître leur autonomie et construire avec eux des modèles économiques viables. L’objectif est de permettre l’avènement de collines solidaires, prospères et dignes.

Pour libérer les énergies, ADISCO mise sur des ‘ferments’ : des hommes et des femmes représentatifs de leur communauté et reconnus par elle moins pour leur expertise purement technique que pour les valeurs humaines qu’ils incarnent. Après avoir suivi une formation, ces figures de référence constituent autour d’eux des ‘groupes d’autopromotion et de solidarité’ (des Imigwi yogutererana no gufatana munda IGG en kirundi). C’est à partir de ces noyaux que naissent divers projets à la fois individuels et communautaires.


“ADISCO part de l’idée que la pauvreté puise ses racines dans la perte de confiance en soi, qui alimente à son tour un sentiment de fatalisme et de résignation.”

Deogratias Niyonkuru, Secrétaire général d’ADISCO et cofondateur


ADISCO aide les populations des collines à développer des exploitations familiales intégrées. Ce type d’agriculture est mieux adapté aux petits paysans et en particulier ceux des régions surpeuplées et aux sols fragiles et montagneuses. Il limite les risques de dépendance face aux fluctuations du climat, des maladies et des marchés, préserve les ressources naturelles et assure la sécurité alimentaire et des revenus des communautés locales. ADISCO accompagne ces exploitations intégrées et stimule la création de coopératives multifilières autogérées en vue de mutualiser les coûts de gestion et de rendre les paysans plus forts dans leurs négociations avec les différents intervenants. Fin 2014, les 2128 IGG comptent 18.094 ménages ou 97.400 personnes.

Étant donné la surexploitation et l’exiguïté des terres, il est tout aussi indispensable de promouvoir également des emplois non agricoles. C’est pourquoi ADISCO appuie les porteurs de projets d’entreprenariat à valeur ajoutée pour l’économie locale, et en particulier les jeunes, pour qu’ils puissent avoir plus facilement accès à la formation et à l’information technique et commerciale nécessaire.

Un autre domaine important dans lequel ADISCO est actif est celui de domaine de la santé. ADISCO soutient la création de mutuelles de santé qui permettent une prise en charge collective des coûts des soins de santé pour les habitants des collines.

La politique financière est aussi une des originalités de l’approche d’ADISCO. Toutes les initiatives locales sont d’ailleurs entièrement autonomes sur le plan financier. Elles fonctionnent grâce à divers outils de mobilisation des ressources internes: des cotisations pour les mutuelles de santé, des prises de parts sociales pour les coopératives ou encore un système de tontine améliorée pour les IGG”. Le processus qui conduit à l’autonomisation totale des coopératives et des mutuelles peut nécessiter des soutiens sur une période de cinq à six ans alors que les IGG sont entièrement autonomes dès leur émergence.

Ces initiatives sont des modèles de développement aisément transférables parce qu’ils sont simples, qu’ils sont solidement ancrés dans la culture local et les savoirs locaux et qu’ils dépendent peu d’apports extérieurs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, en quelques années à peine, plus de deux mille IGG ont vu le jour dans les quatre régions d’intervention prioritaires d’ADISCO (Kirimiro, Buyenzi, Mumirwa et Bugesera). Cette croissance extrêmement rapide est souvent due à un simple effet de tache d’huile: le modèle se propage de manière quasiment organique, sous l’impulsion d’animateurs qui ne sont pas des experts distants mais des figures reconnues dans leur propre communauté. Chacune de ces dynamiques évolue à son propre rythme, en fonction des potentialités du milieu local. Si ADISCO intervient en appui des initiatives, c’est toujours en veillant à ce que celles-ci soient conçues, portées et animées par les populations elles-mêmes, et en particulier par ceux qui sont traditionnellement exclus de la prise de décision : les femmes, les jeunes, les plus défavorisés, les minorités…

Enfin, dans la mesure où les causes de la pauvreté sont aussi liées à des politiques qui dépassent le cadre local, ADISCO mène un travail de mise en réseau avec d’autres acteurs de la société civile burundaise afin de mieux peser sur certaines orientations structurelles.

Ces alliances et ce travail de renforcement institutionnel portent leurs fruits: des fédérations de coopératives ou de mutuelles ont déjà réussi à infléchir des politiques agricoles et de santé.

Peu à peu, une nouvelle génération va devoir prendre le relais des cadres burundais qui ont été à l’origine d’ADISCO. Ce passage de témoin se prépare activement, et notamment dans le cadre de l’Université populaire Haguruka : un centre de formation où des responsables de coopératives et de mutuelles de santé peuvent affiner leurs compétences et d’où émergeront de nouveaux leaders sociaux. La capitalisation des expériences se fait également au travers de publications, du site internet de l’organisation et des formations.

On l’aura compris, c’est un retournement complet de perspective que propose donc ADISCO : la mobilisation des ressources du milieu local plutôt que la distribution d’une manne extérieure censée répondre aux besoins de simples bénéficiaires; la valorisation d’agents de changement reconnus dans leur communauté plutôt que le recours à une expertise technique trop souvent distante; la responsabilisation et l’autonomie financière plutôt que la dépendance et l’attentisme; bref, la prise en main de leur propre destin par les paysans et les paysannes plutôt que la création d’attentes de financements externes aléatoires. L’expansion spectaculaire de ce modèle novateur est la meilleure preuve de sa pertinence et de son adéquation aux réalités de terrain.

ADISCO

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