Rendre leur dignité aux victimes de violences sexuelles

À l’Est du Congo, des centaines de milliers de femmes et de jeunes filles y ont été violées ou mutilées. Grâce au Dr Mukwege, l’hôpital de Panzi est devenu un centre de référence pour la réparation non seulement des dommages physiques causés par les violences sexuelles, mais aussi des profondes séquelles psychiques et sociales que subissent les victimes.

Création d’une maternité

Denis Mukwege a étudié la médecine au Burundi, puis a travaillé dans un hôpital rural. Il se rend ensuite en France pour se spécialiser en gynécologie et en obstétrique. À son retour dans sa région d’origine, en 1989, il installe un service de gynécologie dans l’hôpital de Lemera, le plus grand hôpital du Sud-Kivu. Lors du conflit qui dévaste l’Est du Congo en octobre 1996, cet hôpital est détruit et des patients sont tués. Le Dr Mukwege doit fuir à Bukavu, où il poursuit son action en faveur de la santé des plus pauvres. En 1999, il participe à la création d’une maternité avec bloc opératoire à Panzi.

Rendre aux femmes leur force

À un moment où les viols et les mutilations étaient monnaie courante, le Dr Mukwege a compris que les victimes avaient autant besoin de soins médicaux que d’une assistance psychologique. “En 1999, nous avons accueilli en un an plus de femmes qui avaient subi des sévices très violents que pendant les 15 années où j’ai travaillé comme gynécologue dans la région,” se souvient-il. “C’était surtout le type de violence infligée à ces femmes qui était choquant: on n’essayait pas de les tuer, mais de détruire une partie de leur personnalité. Les viols sont courants en temps de guerre, mais ceci n’était pas une forme ordinaire de violence sexuelle.” Parmi les survivantes, il y avait aussi des enfants et de très jeunes filles. Le Dr Mukwege et les membres de son équipe travaillent depuis plus de quinze ans à l’hôpital de Panzi. Les soins qu’ils dispensent sont gratuits. Le soutien psychosocial est la pierre angulaire de la réhabilitation. Plus de 40.000 femmes ont déjà été traitées.

Un combat contre l’indifférence

Denis Mukwege cherche aussi à agir sur le long terme. En partenariat avec des organisations locales, il a mis sur pied des campagnes de sensibilisation. Il forme des infirmier-ère-s, des accoucheuses et des médecins pour améliorer la prise en charge des victimes en première ligne. Et il veut mettre en place, dans l’Est du Congo, un système de soins intégré afin de briser la spirale de la violence et du chaos dans la région.

Droits de l’homme

Ces dernières années, le Dr Mukwege a reçu notamment le prix Olof Palme, le prix des Droits de l’Homme des Nations Unies et en 2014 le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. Il a profité de cette tribune internationale pour dénoncer sans relâche le sort des femmes et des jeunes filles congolaises gravement mutilées et pour sensibiliser le grand public au fait que le viol est utilisé comme arme de guerre.

“L’un des plus grands combats que nous devons livrer est celui contre l’indifférence,” affirme Denis Mukwege. “Parfois, la tâche me semble lourde et j’ai peur que la situation ne change jamais, car le monde entier sait bien ce qui se passe là-bas. Mais quand je vois la force de ces femmes et la manière dont elles reconstruisent leur vie, je sais que ma place est ici au Congo, auprès d’elles”, conclut-il.

Denis Mukwege est un symbole de résistance et d’espoir, un militant de la paix et du développement.

En savoir plus:

Back to Stories

More Stories

2024

“Yeyasso: la coopérative ivoirienne où tous les espoirs sont permis”

La coopérative cacaoyère et caféière Yeyasso en Côte d’Ivoire tente en permanence d’avoir une longueur d’avance sur les grandes tendances du marché.

Read article

2023

Kosmotive : Améliorer la santé des femmes et des filles aux Rwanda

Une subvention du BPF a donné un spectaculaire coup de pouce à une jeune entrepreneuse qui veut radicalement améliorer la vie des femmes et des filles au Rwanda en produisant des serviettes hygiéniques écologiques et réutilisables.

Read article

2023

Collecter des données pour lutter contre la sous-alimentation en RD Congo

Au Sud-Kivu, un enfant sur deux est chroniquement sous-alimenté. Kesho Congo développe un logiciel pour suivre de près les jeunes patients et utiliser les données de la recherche pour trouver des solutions à cette problématique aiguë.

Read article

Pour être informé(e) des nouvelles de nos partenaires et de nos appels à projets.

S’inscrire à la newsletter